Cet article a été publié à l’origine sur Engagés.
« Environnement toxique ». Si l’expression est bien connue, le concept qui la sous-tend n’est pas forcément bien cerné. Engagés s’est entretenue avec Marie-Hélène Chèvrefils, fondatrice d’Evō conseils, une organisation spécialisée en expérience employé, pour permettre aux équipes d’OBNL d’en savoir plus sur ce mal qui peut affecter les milieux professionnels et sur les actions à prendre lorsqu’on y fait face.
Candidats et candidates, référez-vous à cette fiche d’information comme à une fiche info-santé pour prendre soin de vous au travail.
Un environnement toxique correspond à un milieu de travail dont une ou plusieurs conditions nuisent passablement à l’atmosphère et au bien-être des employés et employées et des gestionnaires.
Le caractère toxique peut atteindre une relation entre quelques personnes en particulier, une équipe au complet ou toute l’organisation.
Il existe une longue liste de signes pouvant indiquer qu’un milieu professionnel est potentiellement toxique.
En voici les principaux :
Notre experte, Mme Chèvrefils, insiste cependant sur un point d’importance : ce n’est pas la multiplicité des signes qui permettent de confirmer le diagnostic. En d’autres mots, la présence d’un seul signe peut suffire pour qu’on parle d’environnement toxique lorsque la fréquence et l’intensité du signe sont éloquentes en soi.
Afin de vérifier que l’organisation qui les intéresse ne semble pas affectée par un environnement toxique, les candidats et candidates peuvent suivre ces quelques conseils :
Se renseigner sur l’organisation avant même de poser sa candidature :
Utiliser l’entrevue pour enrichir son enquête
Les causes pouvant mener à un diagnostic d’environnement toxique sont nombreuses et diversifiées. En voici une liste non exhaustive :
S’il est vrai que les leaders ont un grand impact sur la création et le maintien d’un milieu de travail qui soit sain, stimulant et positif, les employés et employées aux prises avec un environnement toxique peuvent néanmoins poser des gestes individuels pour modifier leur situation. Notez que ce ne sont pas des étapes, mais bien des options : il revient à chaque personne de retenir celle ou celles qui lui conviennent.
Plusieurs des facteurs qui contribuent à créer un environnement professionnel toxique font appel à une certaine part de subjectivité dans l’interprétation d’une situation donnée.
Dans le contexte d’un environnement toxique, oser dire « non » ou rapporter tout haut des situations problématiques peut sembler intimidant. Cela dit, il arrive plus souvent qu’on ne le pense que les gens à la source de ces situations ne soient même pas au fait de leur participation à un environnement toxique! Il importe de les en informer pour qu’ils puissent s’ajuster. Mme Chèvrefils insiste cependant sur votre droit, comme employé ou employée, à ne pas opter pour cette mesure – ou toute autre d’ailleurs – si vous n’êtes pas à l’aise.
Si le climat toxique concerne un ou plusieurs autres employés ou employées, se tourner vers son ou sa gestionnaire pour l’informer de la situation est envisageable. Si le climat se rapporte au ou à la gestionnaire en soi, on peut consulter le service des ressources humaines. Mme Chèvrefils se fait d’ailleurs encourageante si vous optez pour cette mesure d’action : « L’écoute que vous recevrez et les solutions qui seront mises en place pour assainir l’environnement pourraient vous surprendre »
On garde en tête que l’employeur a la responsabilité, en vertu de la loi, de voir à la conformité de son milieu de travail. Pour ce faire, il se dote de politiques prévoyant les mesures à appliquer afin de préserver ou de rétablir un climat de travail sain. Souvent, ces politiques indiquent aussi la personne-ressource à l’interne responsable de recevoir les témoignages ou les plaintes et de les traiter avec confidentialité. À l’affût de ses droits et des mesures censées être en application dans son milieu de travail afin de respecter la loi au minimum, l’employé ou l’employée sera mieux à même de documenter les situations problématiques, en vue de les rapporter éventuellement.
Il est possible de porter plainte auprès d’un syndicat, d’un ombudsman ou d’une ligne éthique offrant un service anonyme et confidentiel. Selon la nature de l’instance choisie, celle-ci pourrait analyser la situation rapportée et décider de poursuivre les démarches selon le diagnostic posé.
Sinon, on peut aussi s’en remettre à la CNESST, puisque tout employeur au Québec a l’obligation légale de favoriser un environnement de travail qui soit sain, sécuritaire et qui protège l’intégrité physique et psychologique de ses ressources humaines.
Les programmes d’aide aux employés et employées, les services de télémédecine, les lignes infosociales accessibles en tout temps, les proches… tous les moyens sont bons pour trouver une oreille attentive à laquelle se confier. « On n’est pas en mode solution ici; on demande juste d’être dans l’écoute et la compréhension, pour soulager », explique Mme Chèvrefils.
Prévoir des pauses durant sa journée de travail, se déconnecter à la fin de la journée et prendre des vacances sont d’excellentes façons de faire attention à soi et de ne pas se laisser emporter par un milieu toxique.
Parfois, le choix privilégié est de quitter son emploi, pour changer d’équipe ou d’organisation. Ce n’est pas une défection, mais bien une solution tout à fait valide et courante pour l’individu qui ne veut plus naviguer dans un environnement professionnel toxique. Après tout, le fardeau d’assainissement du milieu repose principalement sur l’employeur, et non sur les employés et employées.
Dans la foulée, il faut faire attention de garder confiance en soi et de bien organiser sa transition professionnelle : on laisse le passé derrière et on se concentre sur l’avenir!
Le monde du travail s’est considérablement modifié au cours des dernières décennies, de sorte que certains milieux professionnels autrefois considérés comme normaux sont maintenant des environnements toxiques. Employés et employées, faites attention de les repérer et de prendre les décisions qui s’imposent pour votre bien-être et votre plaisir au travail.